Contrairement à ce qui a été observé dans plusieurs provinces, le marché de la revente a très bien fait au Québec le mois dernier. Selon les dernières statistiques publiées par l’ACI, le nombre de ventes enregistrées par l’entremise des différents systèmes MLS® au pays en février 2025 s’est replié de 10 % au pays, entraîné notamment par un fort recul de 27 % en Ontario, ainsi que des baisses de 11 % en Alberta et de 10 % en Colombie-Britannique. L’ACI attribue évidemment ces résultats au commencement de la guerre tarifaire avec les États-Unis qui a fait hésiter plusieurs acheteurs.

On a même observé des baisses de prix en février dans les deux provinces où les propriétés résidentielles sont les plus chères, avec des diminutions de 3 % et de 2 % respectivement en Ontario et en Colombie-Britannique. Dans leur sillage, le prix moyen national s’est replié de 3 %, à 668 097 $.
Le marché immobilier québécois encore sur une lancée…
Les résultats de février laissent pourtant voir un net contraste au Québec. Les ventes Centris ont crû de 11 % le mois dernier, enregistrant un quatorzième gain mensuel consécutif. Au chapitre des prix, la progression est de 8 % sur un an, le prix moyen des propriétés résidentielles, toutes catégories confondues, ayant atteint 544 401 $ le mois dernier. Il faut remonter à juin 2023 pour observer la dernière baisse de prix au Québec.
…mais pour combien de temps encore?
Malgré ces bons résultats, on peut néanmoins dire que l’activité a perdu un peu de son élan en février, puisque les croissances des ventes lors des deux mois précédents étaient de l’ordre de 28 % (en janvier) et de 51 % (en décembre).
La confiance des consommateurs québécois a bien sûr elle aussi été mise à mal par tout le tumulte causé par l’imposition de tarifs par l’administration américaine. Selon l’indice de confiance du Conference Board du Canada, la proportion de Québécois qui jugeaient le moment propice pour faire un achat important tel qu’une maison ou une voiture a dégringolé de 19 % en décembre 2024 à 14 % en février 2025[1].
Dans le contexte actuel, il serait plutôt surprenant que les ventes continuent leur progression encore bien longtemps, mais n’oublions pas qu’en contrepartie, les taux d’intérêt poursuivent leur tendance baissière. Le printemps sera donc malgré tout très actif. Aussi, chose certaine, avec une rareté toujours criante de propriétés à vendre, des conditions de marché encore nettement à l’avantage des vendeurs et un pouvoir d’achat accru en raison des coûts de financement plus faibles, à court terme, oubliez les baisses de prix dans le marché québécois.
Saguenay et Trois-Rivières sont les régions les plus vulnérables aux tarifs
Au Québec, les deux seules régions métropolitaines de la province ayant connu une baisse du nombre de transactions le mois dernier sont Saguenay (-8 %) et Trois-Rivières (-6 %).

D’ailleurs, selon une note analytique de la Chambre de Commerce du Canada, qui a produit un classement des villes canadiennes les plus susceptibles d’être touchées par les tarifs douaniers américains, Saguenay et Trois-Rivières arrivaient en tête au Québec. Le graphique ci-dessous montre l’exposition de l’économie de ces deux régions, basée sur leurs exportations vers nos voisins du Sud. En particulier, la région de Saguenay est responsable d’environ le tiers de la production d’aluminium au pays, et 85 % de celle-ci est exportée aux États-Unis. Outre Saguenay et Trois-Rivières, l’économie de la région de Drummondville[2] pourrait elle aussi être passablement affectée par les tarifs. Inversement, les régions de Québec et d’Ottawa-Gatineau seraient les moins vulnérables, étant donné la faible part de leurs exportations vers le pays de l’Oncle Donald.

Si la guerre commerciale se prolonge, il faudra donc en premier lieu porter une attention particulière aux marchés immobiliers de Saguenay, de Trois-Rivières et de Drummondville.
[1] Au Canada, ces proportions s’élevaient à 14,4 % à 12,7 % respectivement en décembre 2024 et en février 2025.
[2] L’ACI ne publie pas de statistiques pour la région de Drummondville. Il faudra attendre les statistiques trimestrielles de l’APCIQ pour avoir le pouls du marché dans cette région.